Lumière sur...  Vrksasana, "aum", namasté


Vrksasana, la posture de l'arbre

 

Posture :                    VRKSASANA

Prononciation :          Vrik-chahs-ana

Etymologie :              vrksa = arbre, asana = posture

Classification :            Posture debout en équilibre

Niveau :                     Tous niveau

 

Cette posture emblématique du yoga embrasse trois éléments clés de la pratique : la présence à soi-même, la respiration consciente et la posture juste. Elle me parlent particulièrement, d’où le nom The Yoga Tree. 

La posture de référence

  • Debout, les pieds joints, respirez calmement. Dirigez les yeux vers un point fixe en dessous de l’horizon, sans crisper le regard.
  • Observez le poids du corps équilibré entre les deux pieds et reparti également sur toute la plante du pied. Les orteils et les talons sont ancrés dans le sol.
  • A partir d’ici, étirez le corps vers le haut, vers le sommet du crâne, tout en baissant les omoplates. Vous vous sentez positif, stable et calme. Vous êtes en tadasana, la posture de la montagne. Elle nous apprend à tenir sur nos propres pieds, littéralement et au sens figuré.
  • Amenez le poids du corps sur le pied droit et levez le pied gauche. Ouvrez la jambe gauche vers l’arrière et placez, à l’aide de vos mains, la plante du pied gauche contre la cuisse droite, le talon vers le périnée et les orteils vers le sol (voir variations).
  • Le pied droit reste ancré dans le sol. La jambe droite reste immobile, stable.
  • Le genou gauche reste vers l’arrière, le bassin dans l’axe.
  • Amenez les mains paume contre paume, les pouces dirigés vers le cœur. Restez le temps de quelques respirations calmes et lentes.
  • Quand on maitrise l’équilibre, on peut amener la posture plus loin en montant le centre de gravité. Sur une inspiration, levez les mains jointes au dessus de la tête, coudes vers l’arrière, sans basculer le bassin ni hausser les épaules vers les oreilles. Etirez le tronc vers le haut. Respiration calme et régulière, sans forcer.
  • Pour sortir de la posture, sur une expiration, baissez les bras, ramenez le genou gauche vers l’avant et reposez le pied au sol. Restez à nouveau en tadasana, immobile, le temps de ressentir les effets de la posture avant de faire la posture de l’autre côté.

precautions & variations

Concentrez-vous sur l’axe de votre corps : ne laissez pas la hanche de la jambe d’appui se décaler, ni le buste venir en arrière.

Ne posez pas le pied levé contre l’articulation du genou afin d’éviter une pression latérale sur le ménisque.

 

En cas de problèmes d’équilibre ou d’oreille interne, faites la posture à côté d’un mur.

Variation simple : Si vous ne pouvez pas monter le pied vers le haut de la cuisse (en gardant le genou vers l’arrière), posez-le à l’hauteur qui vous convient le mieux : contre le bas de la jambe ou même les orteils au sol. L’essentiel, c’est de garder le genou fléchi vers l’arrière et de garder une stabilité. Posez la main (du même côté de la jambe d’appui) sur un mur pour vous aider.

Variation avancée : 

On peut ammener les mains dans le dos en prière, paume contre paume, epaules baissées.

Quand on maitrise l'équilibre de cette posture, on peut aller encore plus loin en pratiquant les yeux fermés.

 

Femmes enceintes :

 

Vous pouvez suivre les mêmes consignes ci-dessus en faisant quelques adaptations : gardez les mains en prière au niveau du buste ou même les bras le long du corps si vous avez une tension artérielle élevée.  Si vous avez un bon équilibre, vous pouvez posez le pied sur la jambe à l’hauteur qui vous convient (mais pas sur le genou). Vous pouvez aussi poser le pied levé sur une chaise tout en gardant l’ouverture du bassin.

bienfaits

  • Renforce la concentration, l’équilibre et la patience à long terme.
  • Renforce les jambes, le dos, les chevilles, l’équilibre physique.
  • Ouvre le bassin.

symbolisme

Pour les yogis d’antan, la forêt était le lieu de prédilection, propice à la contemplation, proche de la nature, loin du monde matériel.

 

Pour les bouddhistes, l’arbre est un objet sacré. Selon la tradition, Bouddha était assis sous un arbre au moment de son illumination.

 

Pour les scientifiques d’aujourd’hui, l’influence de la nature sur le corps humain n’est plus un secret. L’odeur organique des arbres et le bruissement des feuilles, par exemple, stimulent le lobe frontal du cerveau et accroissent notre niveau d’énergie, notre conscience. Constatez par vous-même les sensations éprouvées lors d’une balade en forêt.

 

Pour yogacharya B.K.S. Iyengar, chaque partie de l’arbre (racines, tronc, branches, feuilles, écorce… ) symbolise un des huit membres de la pratique traditionnelle de yoga.

 

Nous considérons souvent la nature comme ‘fournisseur’: les arbres nous fournissent de l’oxygène, du combustible, nous donnent des fleurs, des feuilles, des fruits, des noix, un abri. Les arbres sont indispensables à notre santé, à notre survie.

 

Mais, regardons de plus près. Ils sont aussi intelligents, comme tout le monde végétal. Ils se nourrissent par la terre et par le soleil, grandissent, dorment, se protègent et se transforment. Ils subissent et s’adaptent à un environnement changeant et parfois brutal. Et plus encore, ils vivent en harmonie, en symbiose même, avec d’autres espèces tout autour, les oiseaux, les insectes... . C'est une belle inspiration pour l’être humain.

 

Dans la posture de l’arbre, notre pied au sol nous relie, nous ancre à la terre comme une racine. Notre torse, comme le tronc d’un arbre est solide et stable. Nos bras, comme les branches, se dirige vers la lumière. Elle nous apprend à nous tenir debout, droit ; à nous enraciner dans notre vie, à construire une force intérieur, à faire preuve de patience. Elle nous apprend aussi le sens de la liberté, de l’espace entre la terre et le ciel.

 

"l'essence du yoga n'a rien à voir avec une exhibition extérieure mais avec une éducation et un affinement intérieurs."

B.K.S. Iyengar

 

 

 

La prochaine fois que vous prendrez la posture, soyez inspirés par la générosité, la force et la stabilité des arbres.

 


'Aum', le son primordial

Il était une fois... la pure conscience divine, éternelle, immatérielle et omniprésente. Afin de faire l’expérience d’elle même, elle créa Shiva, symbole de la conscience (masculin), et de Shiva naquit Shakti, symbole de la création (féminin). 

Shakti se mets alors à créer l’univers. Sa première création fut le son (nada) et pour la première fois, le silence est interrompu par la vibration (spanda) de ce son primordial, aum, qui s’étend dans toutes les directions.

 

Elle continue à créer l’univers, la nature et l’être humain. Elle donne à ce dernier tous les outils pour devenir unique : l’esprit, les sens, les capacités physiques et intellectuelles. Avec le temps et à force de créer, Shakti se trouva de plus en plus éloigné de la conscience pure qui l’avait crée. Elle demande à Shiva de chercher un moyen pour aider l’être humain de ce monde matériel à retrouver la voie de la conscience pure, vers la liberté, vers une (ré)union avec le divin. 

 

Cette histoire raconte, en version simplifiée, la création selon le tantrisme, un mouvement en Inde il y a environ 1200 ans. Tantra signifie ‘la science de l’expansion de la conscience et de la libération de l’énergie’ (Satyananda). Ce mouvement, plus accessible et pratique que les religions de l’époque, est basé sur les textes révélés, selon le mythe, par Shiva Lui-même. Mais l’histoire du yoga est profonde et complexe et trouve ses racines dans une multitude de sources philosophique, religieuse et mystique qui s’entrelacent.

 

On parle pour la première fois de la pratique du yoga dans les grands textes sacrés hindous comme les Vedas (vers l’an 1500 av. J-C.), les Upanishads (vers 800 ans av. J-C.) et plus tard dans le Bhagavad Gita (vers 200 ans av. J-C.). Il ne s’agissait pas à l’époque de faire les salutations au soleil, par exemple, mais plutôt d’une pratique de méditation pour atteindre le bien-être et explorer notre conscience. Il nécessitait un mode de vie très discipliné. Le chant faisait partie de cette pratique car la résonance de certains sons était considérée comme créatrice de lien avec le divin. Le son primordial, aum, était le son le plus sacré, l’essence de l’univers.    

 

Dans cette tradition hindoue, aum représente tout ce qui a été, est, et sera, l’énergie divine - shakti - et se divise en trois aspects :

 

 

« a » signifie la création, l’essence de Brahma.

« u » signifie la préservation, la vie,  l’essence de Vishnu.

« m » signifie la libération et la fin du cycle, l’essence de Shiva.

 

Ils constituent alors la trinité hindoue mais il existe d’autres interprétations de ce son. En bouddhisme, par exemple, il représente le corps, la parole et l’esprit. Dans un texte des Upanishads, on parle de la terre, l’atmosphère et le ciel. Toutefois, dans toutes les interprétations, on trouve la même révérence pour cette vibration suprême. 

 

Revenons à aujourd’hui et à notre pratique.

 

Avant d’enseigner le yoga, et comme beaucoup de professeurs aujourd’hui, je me suis posée la question sur l’intégration du chant « aum » dans mes cours. Est ce qu'il va faire fuir les novices qui vont trouver la pratique bizarre et excentrique, ésotérique même ? Est ce que ils vont trouver la pratique en désaccord avec leurs propres croyances ? Est ce qu’ils vont avoir peur de lâcher leur voix et se laisser aller, tout simplement ?

 

Il existe déjà, et malheureusement, beaucoup de fausses idées autour de la pratique de yoga et je ne voulais surtout pas en rajouter! Pourquoi, alors, est ce que j’ai décidé de l’intégrer dans mes cours ? D’un point de vu personnel, ça fait partie de mon héritage, de l’enseignement du yoga, tout simplement, et cela se transmets. J’ai appris de mon professeur qui a appris de ses maîtres en Inde, Sadh Sivalingam, B.K.S. Iyengar et Pattabhi Jois.

 

 

Il se pratique le dos bien étiré, pour favoriser la respiration profonde, en début de séance et / ou en fin de séance. Il se pratique de manière différente selon les écoles. Après une inspiration longue et profonde nous prononçons les syllabes en continu jusqu’à la fin de l’expiration. Ceci est répété trois fois de suite. Le chant d’un mantra, un mot ou une phrase répétée, entraîne la concentration et le calme, il permet de se recueillir. Le chant de ces syllabes spécifiques provoque des vibrations dans la cage thoracique (vous pouvez les constater en plaçant votre mains sur le thorax). A la fin, nous observons une période de silence afin d’intégrer les effets.  


Namasté

(nah - mas - thé)

 

« Mon âme salue ton âme.

En toi, je salue cet espace où réside l’univers entier.

En toi, je salue la lumière, l’amour, la beauté, la paix

parce que ces choses se trouvent aussi en moi.

Parce que nous partageons ces attributs,

nous sommes reliés, nous sommes semblables,

nous ne sommes qu’un. »

 

 

Dans la tradition indienne, le mot "namasté" est une salutation qui signifie « je m’incline devant toi ».

C'est un signe de respect, de reconnaissance de l’autre.

 

Dans la danse indienne et les rituels hindous, le mudra (geste des mains) namasté (ou anjali) est la position des mains en prière.

 

Quand on joigne les mains au dessus de la tête, on s’incline devant Dieu.

Quand on joigne les mains devant le visage, on s’incline devant son maître, son guide spirituel.

Quand on joigne les mains devant la poitrine, on s’incline devant nos semblables. 

 

Dans la pratique de yoga, on amène souvent les paumes des mains ensemble devant le cœur et on termine la pratique avec ce geste. Il est symbolique de notre quête en yoga pour l'harmonie entre toutes les forces opposées (masculin-féminin, logique-émotionnel, bien-mal, soleil-lune, droite-gauche). Il nous recentre dans le moment présent et nous rappel pourquoi on est là, sur notre tapis. Il est un reflet de l'objectif de la pratique des asanas (postures) et du pranayama (exercices de respiration): retrouver un vrai équilibre dans le corps et dans l'esprit afin de se reconnecter avec soi-même, avec l'univers.